INFOGRAPHIE TRAMWAY 2RIVES POUR 3 COL Photo DNA

INFOGRAPHIE TRAMWAY 2RIVES POUR 3 COL Photo DNA

Le conseil de communauté a voté vendredi (53 voix pour, 25 contre) le prolongement du tram vers Kehl. Micha Andreieff, Michel Messelis et Jean Werlen, tous trois urbanistes soucieux de l’évolution urbaine de Strasbourg, nous livrent leur point de vue. Ils s’opposent notamment à la construction d’un viaduc Churchill-bis…

La construction du tram vers Kehl doit être engagée pour ne pas perdre les dotations de l’État. Le tracé retenu, traverse le port, et en supporte une transformation qu’indique le schéma des Deux Rives. Son analyse conduit à s’interroger sur ce prolongement de la ligne D :

1 – Fallait-il prolonger la ligne D ou la ligne F dont l’actuel terminus place d’Islande semble provisoire ?

2 – Ce prolongement à la différence des tracés actuels en « site protégé » est en « site propre quasi intégral ». Ce principe de séparation des circulations, fondé dans les années 1970 pour pallier l’importance excessive de la voiture, fera apparaître les « cheminements piétons » associés ou non aux vélos. Cet éclatement de l’espace public, empêche une perception réciproque des différents flux et des équipements de la ville, et la rend incompréhensible. En outre, la multiplication de ces réseaux spécialisés avec leurs propres franchissements, augmente anormalement les coûts. Ce principe de développement a montré ses limites. Il est abandonné, et remis en cause quand il a été mis en œuvre. L’exemple de la transformation de Hautepierre en est une illustration.

Donc, du Heyritz à Kehl, permettre la cohabitation de l’ensemble des échanges qui sont nécessaires, en les organisant de manière civile est une obligation. Il faut à la fois des piétons, des vélos, du transport collectifs et aussi des voitures, sur une seule et même voie. Les avenues de la Marseillaise et de Gaulle en sont de bons exemples. La cohabitation des flux et la continuité de l’organisation urbaine qui en découle, feront que la ville sera viable et économe. C’est ici d’autant plus nécessaire, que le territoire à urbaniser est morcelé. Être très attentif à la liaison de ces nouveaux territoires entre eux et à la ville existante est incontournable.

Pour le franchissement du bassin Vauban l’hypothèse retenue se rapproche de ce que nous avons déjà connu : le viaduc Churchill. En effet, le parcours du tram est prévu en viaduc 10 m au-dessus du bassin Vauban. Ce type de d’ouvrage éloigne de manière importante toute construction, et produit des nuisances sonores. C’est un geste étranger à la ville, et contraire à sa compacité. Un ouvrage, en partie mobile levant, tournant… comme dans d’autres villes portuaires ou irriguées par des canaux semblerait plus approprié. N’oublions pas que le viaduc Churchill, construit en 1964, a été démoli en 2006 pour cause « d’incompatibilité urbaine ».

3 – Sur le Rhin, le nouveau pont prévu pour le tram est placé entre les deux ponts actuels, quasiment au milieu de l’intervalle qui les sépare. C’est restreindre sans contrepartie les possibilités de construction de part et d’autre du fleuve. Le situer le long du pont ferroviaire permettrait de sauvegarder ce potentiel, sans préjuger du mode de remplacement d’un pont de l’Europe à terme inévitable.

« L’urgence » est rarement bonne conseillère, nous en supportons trop souvent les conséquences. Il s’agit d’urbaniser 195 ha en regard des 90 ha de Strasbourg en l’Ill. L’enjeu n’est donc pas simplement de relier Strasbourg à Kehl, en se limitant au meilleur tracé du tram, mais de concevoir une urbanité sur ce qui n’est que le squelette de la ville.

Nous ne prétendons pas avoir forcément raison dans nos contributions (cf. notre site strasbourg2030.com). Il s’agit d’élargir le point de vue, et d’en discuter publiquement. De cette réflexion, ne peuvent jaillir que des enrichissements et des solutions plus adaptées à l’évolution de notre ville.